Cycle du Lancelot-Graal - 1475

Cette enluminure provient du Cycle du Lancelot-Graal, vaste manuscrit français du XIIIᵉ siècle qui constitue l’un des sommets de la littérature arthurienne médiévale. Elle met en images l’un des épisodes les plus marquants : le duel décisif entre Lancelot du Lac et son rival Méléagant, scène de bravoure, de loyauté et de vengeance.

Un an après leur premier affrontement, Lancelot entre en armes dans la place forte, à la stupeur de Méléagant qui croyait l’avoir définitivement écarté. Les deux chevaliers se heurtent violemment, brisant lances et écus dans un tumulte de coups. Rapidement, Lancelot prend l’avantage : son adversaire chancelle, le visage ensanglanté, sous les yeux de la foule rassemblée en haut d’une tour. La reine Guenièvre, qui observe la scène, laisse éclater sa joie car elle pressent sa délivrance.

À bout de forces, Méléagant supplie grâce, mais Guenièvre fait signe à Lancelot de ne pas l’épargner. Dans un dernier élan, le chevalier de la Table ronde terrasse son ennemi, lui arrache son heaume et, d’un coup d’épée fulgurant, lui tranche la tête au milieu du champ. On reconnaît Lancelot à son écu d’argent chargé de trois bandes de gueules, tandis que Méléagant porte les armes rouges à trois gants d’argent, héritées de son père. Derrière les murailles, le roi Arthur, la reine Guenièvre et toute la cour assistent à cette conclusion implacable.

Par la vivacité des couleurs et la précision des détails, cette enluminure traduit la force dramatique du récit, où s’entrelacent violence, justice et idéal chevaleresque. Conservée à la Bibliothèque nationale de France (BnF), dans le manuscrit français 343 du Cycle du Lancelot-Graal (XIIIᵉ siècle), elle témoigne de la place centrale du cycle arthurien dans l’imaginaire médiéval européen.